La description faite par les députés de la situation dans le Sud-Est, baptisée «terre d'accueil de la criminalité», est accablante : «C'est dans ce contexte géographique et juridique attractif que s'est développée, localement, une léthargie politique et institutionnelle assurant aux délinquants une inadmissible tranquillité.» Nourrie par de nombreux témoignages, l'enquête parlementaire dépeint les mécanismes permettant aux réseaux criminels de blanchir des sommes considérables dans l'économie locale. L'immobilier est sans aucun doute le vecteur numéro 1 pour ces investissements douteux. Surtout lors de l'achat de propriétés sur les trois caps Cap-d'Antibes, Saint-Jean-Cap-Ferrat et Cap-Martin réglées en liquide, bien que leurs prix oscillent entre 7 et 60 millions d'euros.
«Facilités». Notaires et agents immobiliers se révèlent alors de précieux alliés. L'un des principaux obstacles aux enquêtes fiscales ou judiciaires est l'anonymat permis aux acquéreurs. Selon Alain Bertaux, directeur des services fiscaux des Alpes-Maritimes, 20 000 sociétés civiles immobilières (SCI) sont recensées officiellement. Auxquelles il faut ajouter 300 000 autres, créées avant 1978, lorsque l'immatriculation au registre de commerce n'était pas obligatoire... Autre «facilité» offerte par la loi, le principe de représentation fiscale : un article du code des impôts permet au propriétaire de ne pas apparaître contre le paiement d'une taxe de 3 % de la valeur du bien.
Mais, selon l