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Libération
Éditorial

Opaque

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publié le 11 avril 2002 à 22h59

On nous cache des choses ! Beaucoup de choses ! Sous des dehors pimpants, notre beau pays n'est pas trop regardant avec ceux qui se salissent les mains à blanchir de l'argent douteux. Selon le rapport Peillon-Montebourg, la plupart de ces capitaux ne font qu'une halte en France, juste le temps de se refaire une beauté, avant de repartir à l'étranger, d'où ils viennent. Ils n'en ont pas moins le temps d'irriguer des réseaux de compromission et de gangrener le tissu social de certains milieux, parfois jusqu'à entraver la justice.

Comment cela se fait-il ? Il faut se rappeler que la France est un pays opaque. En juin dernier, une ONG spécialisée dans ce domaine, Transparency International, la classait en matière de lutte contre la corruption au 23e rang mondial et au 11e rang européen. Le laxisme dont a longtemps profité la classe politique serait donc loin de se limiter à elle. Et cela est d'autant plus facile que les moyens employés à la lutte anticorruption, tant judiciaires que policiers, ne suffisent pas à la tâche.

Mais cette négligence elle-même demande explication. N'y a-t-il au fond pas la conviction que ce genre de méfait est négligeable puisque indolore et quasiment invisible ? La situation française n'est pas très éloignée de celle de beaucoup d'autres économies semblables. Les théoriciens les plus cyniques du capitalisme assurent d'ailleurs que les bénéfices retirés de la liberté de mouvement ainsi accordée à tous dépassent les inconvénients liés à son détournement p