Jérusalem
de notre correspondante
La carcasse noircie du bus numéro 6 est figée dans les éclats de verre, les cageots de fruits et de légumes, et les flaques de sang. Le corps et les pieds enveloppés dans une combinaison blanche, les mains gantées de latex, les ultrareligieux de Zaka, une unité de la police chargée de l'identification des victimes des catastrophes, ramassent les morceaux de chair et les membres épars, sous le regard fixe des passants agglutinés contre les barrières métalliques déployées en un éclair par la police. «Je l'ai vue, je l'ai vue, j'ai vu la kamikaze allongée sur la chaussée ! Elle avait les jambes arrachées, elle était très jeune», rapporte à ses copains un jeune Israélien, les yeux encore exorbités par la vision d'horreur. «Cela sentait la chair brûlée...»
Femme enceinte. Même le soleil couchant de ce début de sabbat (le repos hebdomadaire des juifs) ne parvient plus à adoucir les pierres des vieux murs du marché, ni les traits des passants pressés de rentrer s'enfermer chez eux. Une Palestinienne originaire de Hébron, selon des sources policières israéliennes, vient de se faire exploser contre un bus devant une des entrées du marché central de Mahane Yehuda, en plein centre de Jérusalem-Ouest, tuant 6 personnes et en blessant plus de 80, dont 8 très grièvement. La kamikaze, qui avait pris l'apparence d'une femme enceinte, s'est littéralement jetée sur le bus, explique le chef de la police israélienne au moment même où, sur une chaîne de télévision