La dernière semaine de campagne ne semble pas devoir changer grand-chose à ce que nous savons déjà. Les deux premiers candidats se détachent toujours des autres, mais avec une avance suffisamment faible pour qu'on observe un éparpillement sans égal des choix des votants, ce que redoublent encore les nombreux incertains déclarés. Lundi prochain, on ajoutera donc, qui des pommes et des poires et qui des bananes et des ananas, pour supputer les chances du gagnant.
Chirac semble n'avoir guère à redouter que la capacité de nuisance de Le Pen, qui est peu de chose. Car on peut douter que les électeurs de ce dernier le rejoindront massivement dans sa vindicte anti-Chirac. La gauche aura plus de mal à recoller ses morceaux ceux qui ne pensent qu'à entrer dans le puzzle et ceux qui se flattent d'y échapper. Le poids du trotskisme électoral est un événement imprévu mais décisif, et le passé de Jospin ne lui donne aucune qualité particulière pour le contrer. En fait, chacun des votes en faveur d'Arlette et ses copains est un pied de nez adressé à la «culture de gouvernement» dont les socialistes se flattent d'avoir fait la douloureuse acquisition.
Il est d'ailleurs significatif (et triste que ce le soit) de voir que les deux premiers candidats, ceux qui synthétisent le mieux les aspirations de leur camp, sont comme doublés, chacun, par un anticandidat qui ne vaut que comme grandeur négative. Et il y a quelque chose d'effrayant à se dire que le moins négatif des deux détiendra la clé de