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Interview

L'interview: Gérard Moreau, ancien directeur de la DPM: «L'intégration est un processus continu».

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Un ex-responsable ministériel plaide pour une politique moins frileuse.
publié le 15 avril 2002 à 23h01

Gérard Moreau a été à la tête de la Direction de la population et des migrations (DPM) durant douze ans au ministère des Affaires sociales, jusqu'en 1997. Il analyse les difficultés de l'intégration des populations d'origine étrangère, et nuance les discours trop pessimistes et schématiques.

L'intégration républicaine à la française est-elle en panne ?

Je ne le pense pas. L'intégration est un processus continu de constitution du lien social qui peut être aidé ou freiné par les politiques. Dire que l'intégration est en panne est un slogan, c'est comme dire: il y a un modèle français. En fait, il y a une évolution et une histoire française dans laquelle l'intégration est un mode constitutif. Elle continue à se dérouler aujourd'hui, avec des difficultés bien sûr, dues à la situation économique, sociale et urbaine, à l'apparition de nouvelles couches sociales et de nouvelles cultures liées ou non à l'islam. Il y a des accrocs. La délinquance, les hostilités bloc contre bloc... Ces affrontements peuvent freiner la capacité à vivre ensemble. Mais une chose reste assez simple: si vous vivez dans un groupe dans des conditions acceptables et conformes aux lois de la République, vous vous y intégrez. L'histoire de l'immigration, au XXe siècle, montre qu'il y a eu des difficultés pour les Italiens, les Belges, les Polonais... Ce sont aujourd'hui des citoyens ordinaires, avec leurs souvenirs et leurs coutumes admises et respectées. La France s'est construite sur un principe d'intégration,