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Libération
Éditorial

Trompe-l'oeil

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publié le 16 avril 2002 à 23h03

A défaut d'agir entre les entêtements mutuels de Sharon et d'Arafat, Colin Powell poursuit sa manoeuvre diplomatique tournante, cette fois chez les voisins septentrionaux d'Israël. Malgré la surpuissance qu'il représente officiellement, Powell s'est fait poliment rembarrer tant par l'Israélien (dont l'offensive s'est poursuivie) que par le Palestinien (qui s'est contenté d'une condamnation des actions contre des civils et refuse toute trêve).

Parce que les Etats-Unis sont malgré tout un allié indispensable pour son pays, Sharon a tout de même fait un geste : il pourrait se retirer rapidement de Cisjordanie et il est prêt à participer à une grande conférence internationale sur le Proche-Orient, mais sans Arafat. Ce dernier serait sans doute prêt à en faire autant, mais sans Sharon. Le dialogue de sourds continue et ce n'est pas la capture de Marwan Barghouti qui y changera quelque chose. La détention du père putatif de la seconde Intifada, gardien de l'ordre le jour et de troubles la nuit, symbolise l'effondrement de ce qui tenait lieu à l'Autorité palestinienne d'appareil d'Etat. Mais comment imaginer discuter du sort des Palestiniens sans les Palestiniens eux-mêmes ?

L'offre par Sharon de négociations en trompe-l'oeil marque tout de même son acceptation d'une internationalisation d'un éventuel règlement. Cette manière de parler aux pays arabes par-dessus l'épaule d'Arafat et de Powell est condamnée à l'échec. Mais il faudra bien un jour sortir du face-à-face des haines qui fi