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Libération
Analyse

Une crise de la demande

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Les attentes du pays en décalage avec l'offre de candidatures.
publié le 20 avril 2002 à 23h05

Fût-elle jugée terne et ennuyeuse par une majorité de Français, une campagne est toujours intéressante parce qu'elle révèle. Celle qui s'est achevée, vendredi soir, n'échappe pas à la règle. Quels que soient sa qualité et les résultats, dimanche soir, elle est déjà riche d'enseignements sur l'évolution de la politique, la représentation que s'en font les Français et le décalage avec la pratique des candidats. A la veille de ce premier tour, il se confirme ainsi que la crise du politique n'est pas une crise de l'offre mais de la demande.

Interrogations. Jamais une présidentielle n'a vu s'affronter autant de candidats. Jamais l'ensemble de l'éventail n'a été autant représenté : trois candidats d'extrême gauche, deux d'extrême droite, deux écologistes, un radical, un socialiste, un communiste, un chevènementiste, un gaulliste, un libéral, deux démocrates-chrétiens et un chasseur. Jamais il n'y a eu autant de nouveaux candidats (11 sur 16). Et pourtant jamais l'abstention n'a autant menacé. Signe que la crise ne se réduit pas à un problème de personnes ou d'âge du capitaine mais est structurelle. Les Français s'interrogent aujourd'hui sur l'importance qu'il faut accorder à une élection nationale quand l'Europe et la mondialisation ont réduit les marges de manoeuvre. Il relativise d'autant plus le scrutin phare de la Ve République qu'ils ont compris, à l'issue de neuf années de cohabitation, qu'un président sans majorité n'est pas grand-chose en son palais.

Crise de la demande donc