Une France affreuse triomphe. La gauche jospino-plurielle suicidée, éliminée du second tour, et, en finale, un face-à-face caricatural et à bien des égards honteux entre Supermenteur et Superfacho.
Le système politique français, en déséquilibre depuis des années, a fini par imploser. Jacques Chirac est naturellement promis à une réélection triomphale face au danger Le Pen. Il rassemblera logiquement tous les votes républicains.
La tactique électorale chiraquienne s'est révélée payante en décalquant simplement la campagne des dernières municipales. Le chef de l'Etat, en imposant une campagne monothématique sur la sécurité pendant deux mois, a ouvert la boîte de Pandore. Le glacis sécuritaire a piégé Lionel Jospin qui, dans sa raideur, n'a pas voulu changer de campagne et, lorsqu'il a pris conscience de l'ampleur de l'appel d'air sécuritaire, a choisi de suivre son rival sur ce terrain, en collant à lui, jusqu'à perdre toute identité. La sécurité a douché le bilan jospinien sur le plan économique et social, en le rendant inaudible. Enfin, la surenchère sécuritaire a remis en selle Le Pen, revenu du diable vauvert, ressuscité de la scission de sa boutique.
Sur la montée de l'angoisse sécuritaire, sur l'offre autoritaire, Le Pen, sans avoir à faire la moindre campagne, était le meilleur, bien meilleur que Chirac et, naturellement, que Jospin. L'insécurité a occulté tout autre sujet, tout autre dimension. C'est un gouffre sinistre qui a englouti toute la campagne. On peut juger le p