Une ambiance survoltée. Une longue salve d¹applaudissements. Et une brève allocution. Digne. Emouvante. Hier, vers 22 h 20, Lionel Jospin a tiré les leçons du premier tour de l¹élection présidentielle. «C¹est comme un coup de tonnerre. C¹est aussi un résultat profondément décevant pour moi et ceux qui m¹ont accompagné. Je reste fier du travail accompli. Au-delà de la démagogie de la droite et de la dispersion de la gauche, j¹assume pleinement cet échec en me retirant de la vie politique» (lire aussi ci-contre).
Quelques mots, donc, pour prendre acte d¹un incroyable accident électoral, d¹une inimaginable catastrophe politique. Eliminé dès le premier tour par Jean-Marie Le Pen : à aucun moment, dans ses pires cauchemars, Lionel Jospin n¹avait envisagé cette hypothèse. La campagne du second tour était prête, les salles réservées, les prestations télévisées déjà fixées. A 19 heures, avec sa femme, le candidat socialiste avait le sourire aux lèvres en remontant, à pied, la rue Saint-Martin, en direction de son QG de campagne. A 19 h 15, tombent les premières estimations. Une réunion du bureau national du PS était prévue : elle est annulée. Au téléphone, la garde rapprochée est défaite : «Vous venez jouer les charognards ?Š Excusez-moiŠ On est effondrés.»
Insécurité. «Effondré». Le mot est revenu dans toutes les bouches socialistes, hier soir, sur les plateaux télévisés comme à l¹Atelier de campagne. Effondrés parce que, disent-ils, cette défaite est «injuste» et «cruelle». Injuste