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Libération

Lionel Jospin, larmes à gauche

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Après ses adieux au PS, le Premier ministre se replie à Matignon.
publié le 23 avril 2002 à 23h08

Vingt-quatre heures dans la vie d'un homme. Dimanche soir, à 19 h 15, Gérard Le Gall, son conseiller sondage, lui annonce la nouvelle : «Tu es derrière Le Pen.» Depuis, la vie de Lionel Jospin a basculé. Le 12 juillet prochain, il devait fêter ses 65 ans. A l'Elysée ou à l'île de Ré, il ne savait pas. Il savait seulement qu'auparavant, il aurait enfin eu sa grande explication avec Jacques Chirac, ce rival amoral, ce Président fainéant. C'était le sens de sa candidature, elle-même couronnement de son engagement politique.

Trajectoire. Et le voilà redevenu simple Premier ministre en sursis, arrivé au terme de sa trajectoire politique par une addition d'erreurs et de hasards terribles. Déjà occupé à faire ses adieux. Hier, Lionel Jospin s'est retrouvé presque désoeuvré à l'hôtel Matignon où, ces dernières semaines, il ne mettait plus guère les pieds que pour regagner son logement de fonction. Le matin, il s'est adressé à l'ensemble de son cabinet : «Nous avions cru que la France avait repris confiance. Sans doute avons-nous commis une erreur d'analyse. Effectivement, si j'avais fait une meilleure campagne, j'aurais peut-être fait un point de plus. Mais cela n'aurait pas changé fondamentalement les choses.»

A ses conseillers, il a demandé d'être «fiers» du travail accompli. Puis il s'est rendu au bureau national du Parti socialiste, pour un au revoir en forme de testament (lire ci-contre). Martine Aubry et Daniel Vaillant ont pleuré. L'après-midi, après avoir déjeuné avec son dire