Bruxelles (UE) de notre correspondant
Un haut fonctionnaire de la Commission européenne se console : «Comme il n'a pas été question d'Europe dans la campagne française, l'Europe n'a évidemment pas grand-chose à voir dans le résultat de l'élection.» A Bruxelles, on est plutôt soulagé que, pour une fois, l'Europe ne puisse être décemment désignée comme bouc émissaire à la percée des extrêmes. On brandit un sondage CSA-Arte (1) qui montre que la construction communautaire et la mondialisation se situent aux derniers rangs des raisons qui ont motivé le vote de dimanche (9 %) bien après la sécurité (48 %) ou encore l'emploi (36 %) et que l'inquiétude face à l'Europe est passée de 43 % en juin 1999 à 29 %. Le dernier sondage Eurobaromètre, rendu public hier, montre que la France demeure un pays largement europhile (2) et favorable à la construction européenne. Néanmoins, on estime que la présidentielle française risque de laisser des traces durables sur la construction communautaire même si personne n'imagine un instant que Jean-Marie Le Pen puisse être élu.
Explosive. Seul le travailliste britannique Neil Kinnock, commissaire européen chargé de la réforme administrative, a réagi officiellement en estimant, lundi, que la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle était un «sale pavé dans la mare de la politique européenne». Les autres commissaires, jugeant la situation française si explosive, si volatile, préfèrent se taire. Beaucoup craignent que le vote d'extrême droit