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Libération

«Quand j'ai vu le cortège gonfler, j'ai eu du baume au coeur»

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Souvent ni militants ni engagés, ils défilent depuis dimanche dans les rues de France. Paroles recueillies à Lyon, à Lille et à Paris.
publié le 24 avril 2002 à 23h08

Dès dimanche, des rassemblements ont fleuri un peu partout en France. Jeunes ou moins jeunes, lycéens, étudiants, hommes ou femmes souvent ni militants, ni engagés auparavant, beaucoup sont descendus dans la rue pour dire leur refus du Front national. Portraits de quelques-uns de ces mobilisés, recueillis dans les cortèges de Lyon, Lille et Paris.

Ségolène

31 ans, médecin

«On est tellement habitués à un choix droite-gauche»

Grosse fatigue. «Je m'étais couchée à 7 heures du matin et réveillée très tard.» Par «flemme», «par sentiment que ce n'était pas indispensable», Ségolène n'a «pas pris le train pour aller voter à Chartres» où elle est inscrite. Elle voulait voter Jospin. Mais à Paris, il faisait beau. Elle s'est promenée. «On est tellement habitués depuis qu'on est petits à avoir un choix gauche-droite au deuxième tour qu'on avait tous pas beaucoup réfléchi.» Le soir, ils étaient quatre pour un dîner chez des copains. «On a allumé la télé vers 19 h 45.» Un quart d'heure plus tard, elle a vu le visage de Le Pen s'afficher sur l'écran. «J'étais catastrophée. J'ai été envahie par un sentiment de culpabilité énorme. J'ai pleuré quand Jospin a annoncé qu'il se retirait de la vie politique.» Ses trois amis avaient voté Jospin, Madelin et Lepage. «Ils étaient effarés comme moi.» Depuis dimanche, elle est très inquiète. Elle trouve que 17 % pour Le Pen, c'est énorme. Elle a peur que son parti «continue à grossir». Elle pense aussi à ces malades du sida qu'elle soigne à Paris, à l'hôp