Il n'y a pas une parenthèse cauchemardesque qui se serait ouverte le 21 avril au soir et qui se refermerait miraculeusement le 6 mai, renvoyant au rancart le soudard populiste au verbe affecté, mettant fin ainsi à la dépression nerveuse du corps électoral français. C'est le genre de parenthèses qui ne se referment pas facilement. C'est ce que la jeunesse lycéenne a senti, de manière instinctive, en occupant la rue depuis dimanche.
Il y faudra en effet beaucoup d'énergies, de mobilisations, de prises de conscience, d'efforts personnels, et surtout un vote massif et sans appel le 5 mai. Ce n'est malheureusement pas acquis.
Les électeurs indifférents, frivoles, raslebolisés ou enragés du 21 avril ne se sont pas acharnés uniquement sur Lionel Jospin, même s'il a assumé la responsabilité de la défaite en quittant la vie politique. Le vote de rejet visait les gouvernants de droite et de gauche, et Jacques Chirac au même titre que Lionel Jospin.
Le vainqueur de la présidentielle, le 5 mai, est en effet l'autre grand vaincu du premier tour et c'est à lui que revient la tâche de «faire barrage» à Le Pen, pour sauver la République, pour la refonder si possible et mieux réduire la fracture politique.
Jacques Chirac, qui a conduit, dans des postes différents, les trois cohabitations, qui gère la droite parlementaire depuis vingt ans, qui a dissous sa majorité deux ans après sa victoire présidentielle, qui a été placardisé pendant cinq ans à l'Elysée, qui a accumulé les promesses non tenues,