Dans les grandes villes, le partage politique du territoire est simple. Quartiers nord contre quartiers sud à Marseille, Ouest contre Est à Paris, Nord-Est contre Sud-Ouest à Lyon. Le territoire de la gauche y est en outre traversé de part en part par un couloir plus à droite, les rives de la Seine à Paris, la presqu'île de Perrache à Lyon, la dépression des arrondissements I, IV et XII derrière le Vieux-Port, à Marseille. On peut constater sur les cartes que cette bipartition recouvre avec exactitude celle des voix «tribunitiennes» qui contestent le système. Les extrêmes confondus qui dominent dans les secteurs de gauche n'arrivent pas au même niveau dans ceux de droite. Ils ne comblent pas non plus l'axe de droite qui traverse les zones de gauche mais au contraire l'élargissent par un mouvement centrifuge.
Cette coïncidence géographique qui n'est plus vraie au niveau national (gauche, droite et tribunitiens tendent à séparer la France en trois) livre sans doute l'alchimie des dernières élections. Le centre des grandes agglomérations fonctionne comme un chaudron où les opinions portées à blanc se transmutent. La plus grande inégalité des richesses et sa plus forte visibilité intensifient les prises de conscience. Dans les zones de gauche, la contradiction apparaît encore plus nettement entre la réalité vécue et les idéaux professés, entre les responsables bourgeois et leur supposée base populaire. Electeurs de droite comme de gauche rejettent alors le système. Ils expriment