Contre le FN, les sportifs de France sont encore loin d'avoir fait front. Les grandes fédérations restent muettes et les rares stars engagées lors de l'élection aux côtés de Jacques Chirac et de Lionel Jospin tardent à faire connaître leurs réactions.
Larron. Membre du comité de soutien du président de la République, Bernard Lama, ancien international et gardien de l'équipe de France de football, fait partie des quelques exceptions : «Il faut éradiquer Le Pen, ce mauvais larron», a sobrement indiqué le Guyanais dans une déclaration publiée hier dans le quotidien France-Soir. «Le Pen a réussi à surfer sur les maux de la société pour s'imposer. C'est tout de même grave d'en arriver là», a-t-il ajouté, avant un appel sans ambiguïté pour le second tour du 5 mai : «Tout le monde doit aller voter.» Bernard Lama fut l'un des 22 joueurs champions du monde de 1998, la fameuse équipe «black-blanc-beur», censée incarner la réussite du modèle français en matière de multiculturalisme.
A l'heure des doutes sur la fragilité dudit modèle, deux autres champions du monde ont dit leur inquiétude. Pour Marcel Desailly, capitaine des Bleus et défenseur de Chelsea (D1 anglaise), «la force de l'équipe de France, c'est son côté multiracial. C'est aussi celle de la France dans son ensemble». D'origine ghanéenne, Desailly prend ses responsabilités et appelle lui aussi à faire barrage à l'extrême droite. Idem pour Guivarch, attaquant infructueux des Bleus en 1998, aujourd'hui à Guingamp