Menu
Libération
Éditorial

Leçon de civisme

Article réservé aux abonnés
publié le 26 avril 2002 à 23h10

Depuis le 21 avril, des jeunes descendent dans les rues en cortèges virevoltants. Dans toutes les villes, même les plus modestes, des lycéens surtout, des étudiants aussi, se rassemblent contre Le Pen. En France, c'est dans la protestation de rue que chaque génération fait son baptême politique et accède au civisme.

Au moment où les politiques prennent tardivement conscience de l'ampleur de la fracture politique, des effets de la dilution de l'autorité de l'Etat, du basculement d'une partie importante des 18-24 ans dans la protestation enragée contre Le Pen, ces manifestations sont la meilleure nouvelle depuis le naufrage du 21 avril.

La honte a mis la jeunesse dans la rue. Le mot a fait tilt, il a fait sens. La jeunesse scolarisée, qui est aujourd'hui mélangée, mixée sur le plan social, culturel et ethnique, vit le surgissement au second tour du partisan de l'apartheid et de la ségrégation comme une atteinte intolérable à sa propre vie, une insulte à ses amitiés, à ses amours, à ses projets. La jeunesse cristallise toujours sous forme d'audace collective, de révolte générationnelle ; cette fois encore.

La honte aussi pour tous ceux qui disposaient du droit de vote et qui en auraient fait un usage buissonnier. Car il y a aussi de l'expiation dans ces manifestations en faveur du droit de vote, de son importance et de son usage. Même si cette campagne civique est aussi la meilleure faite en France depuis plusieurs décennies en faveur du suffrage universel. Elle constitue la meill