Sur leur banderole, ils ont écrit : «Mouvement spontané du peuple contre le FN.» Ils ont moins de 20 ans, se connaissent depuis dimanche ou lundi soir, mais déjà ils sont le cauchemar de la police parisienne. Leurs manifs n'ont pour ainsi dire pas de fin, et surtout pas de trajet. Mercredi soir, de 21 heures à 1 heure du matin, les spontanés 300 environ ont parcouru l'Est parisien, avec une préférence pour les sens interdits. Les militants de Ras l'Front ou du réseau No Pasaran n'y sont pas ou peu, préparant leurs propres initiatives. Un tambour, quelques casseroles, et un mot d'ordre principal «Citoyens dans la rue». Rue de Belleville, on sort à la fenêtre. Applaudissements et poings levés çà et là. «A République, un CRS nous a dit qu'on serait jamais assez nombreux. Mais on est quand même partis», raconte Raphaël. «Un RG nous a dit : "Formez un service d'ordre, sinon vous partez pas." On a un service d'ordre maintenant.» Enfin, presque.
«Du calme !» La manif s'arrête aux carrefours. Moment de réflexion. «On va par là», dit le tambour. «Par là, par là», disent trois autres. C'est reparti. Jusqu'au Marais, par les petites rues. Quelques policiers en civil suivent la marche. On vient les voir. «Ils sont déboussolés, ils n'ont pas de chef, se lamente un commissaire. Il n'y en a pas un plus représentatif que l'autre !» Soudain, comme à Guignol, les CRS. Ils bloquent le passage. L'Hôtel de Ville est trop près. Hurlements. Puis : «Calme ! Du calme.» Les CRS placent une grille