Menu
Libération

A Saint-Cloud, dans les soutes du «Paquebot»

Article réservé aux abonnés
Au coeur du Front, dans les Hauts-de-Seine, les petites mains s'agitent pour le second tour.
publié le 27 avril 2002 à 23h11

Le «Paquebot» a vieilli. Comme son commandant. Sur le toit, même le drapeau tricolore fait la gueule. Sur la façade blanche, seule la banderole: «Le Pen président 2002», paraît au goût du jour. En contrebas, le pont de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), lui, est couvert d'affiches bleu et jaune, qui reprennent le même slogan. Sur le bitume de la rue Dantan, qui longe le QG lepéniste, un gribouillis tente de résister maladroitement à lui tout seul : «Le Pen fils de pute». Sans doute un petit voisin excédé. La conférence de presse du jour vient de se terminer (lire page 13). Le Paquebot est déserté. Son commandant est parti se réfugier chez lui, à 300 mètres, dans sa villa de Montretout. Les capitaines du bâtiment extrémiste sont invisibles, réfugiés dans leur dunette, au second étage. Seuls restent sur le pont des matelots de soute.

«J'ai fait un rêve.» Les professions de foi du second tour viennent d'arriver. Tirage : 36 millions d'exemplaires. Le quatre-pages, aux couleurs tricolores, affiche une photo du candidat, rehaussée par le slogan : «La France re trou vée». En dernière page, le cliché ­ qui date d'au moins quinze ans ­ est en noir et blanc. Le Pen, pull marin et tête appuyée sur son poing, sourit. A l'intérieur, il se plaît à apparaître comme le nouveau Martin Luther King : «J'ai fait un rêve pour chacun d'entre vous, écrit-il. Le rêve d'une France retrouvée dans laquelle, il ferait bon vivre»... Les rares manutentionnaires du Front s'emploient à expédier les cartons du d