«C'est ici pour la procuration ?» A la mairie du Xe, à Paris, le petit bureau de l'accueil du tribunal d'instance ne désemplit pas. Ils arrivent par vagues, au terme «d'un parcours du combattant dans le dédale des couloirs de la mairie», comme se plaint l'un d'eux. «Il y a de l'affolement dans l'air», explique Nathalie, la greffière, qui n'a plus le temps de s'occuper des candidats au Pacs et passe ses journées à expliquer comment remplir le formulaire de procuration, rose et à trois volets. «Leur animosité est peut-être proportionnelle à leur sentiment de culpabilité, suggère-t-elle, certains ne s'aperçoivent qu'ici qu'ils ne sont pas inscrits et nous accusent de les empêcher de voter, c'est grave ! Mais cet après-midi, nuance-t-elle, ils sont plutôt faciles.»
Les requérants expédient l'affaire en dix minutes. Ils n'ont oublié ni leur justificatif de domicile, ni celui de leur absence le jour du vote. «C'est idiot de recopier trois fois la même chose, ils pourraient simplifier», déclare Emmanuelle, assistante sociale, qui fustige la tenue de ce premier tour au milieu des vacances scolaires parisiennes.
«Peur». Il y a là les abstentionnistes chroniques sonnés par le premier tour. Les civiques qui ne rateraient pour rien au monde une élection. Et puis les autres, apolitiques ou «peu engagés» qui d'ordinaire votent quand ils sont là et s'abstiennent quand ils ont autre chose à faire. Etudiant, Gaëtan, 26 ans, vote encore «chez les parents» en Bretagne et ne se sent pas très fier