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Libération

La semaine où la parole s'est libérée

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Depuis dimanche soir, partout en France, la fièvre de manifester, de débattre, d'échanger, a saisi les jeunes.
publié le 27 avril 2002 à 23h11

Un coup de fil, une envie de rue, un besoin d'échanger, et ils sont descendus dans les rues. Depuis dimanche, les villes françaises additionnent les manifestations contre Le Pen. La contestation contre le «F-Haine» s'amplifie. 100 000 lundi, 90 000 mardi, 60 000 mercredi, 300 000 jeudi... Beaucoup de jeunes. Génération civique et néomilitantisme politique. Retour sur une semaine de mobilisation.

Dimanche soir

Mathilde n'entend pas le téléphone sonner dans son appartement bordelais. «J'avais les jambes coupées», lâche cette étudiante en communication. Son premier bulletin de vote, elle l'a réservé à Taubira. «Deux jours avant, j'avais hésité à voter Jospin en voyant Le Pen monter. Je n'y ai pas cru. Mais je ne regrette pas.» Elle descend dans la rue, comme des dizaines de milliers de jeunes. Comme ces jeunes qui lancent : «Sortez de chez vous !», comme autant d'appels à secouer la torpeur. Comme ces jeunes, abstentionnistes ou abasourdis, qui veulent partager leur révolte de «citoyens en colère». Auprès «de gens pas forcément habitués à ce genre d'actions». La catharsis joue à plein. A Toulouse ? Des badauds s'assemblent, le cortège grossit. A Lyon ? Des artistes s'appellent par téléphone : «Tu sais où ça bouge ?» Partout, des slogans : «Nous sommes tous des enfants d'immigrés.» Aux fenêtres, des riverains applaudissent. Aux écrans, la France est sonnée. Aux abois, Sylvaine, 20 ans, étudiante en lettres modernes à Rennes, se dit : «Quand la tête de Le Pen est apparue sur les éc