Les condamnés à la schizophrénie, c'est-à-dire au vote «Chirac» pour cause de défense de la démocratie, sont inquiets. Hier encore, c'était à cause du silence de Lionel Jospin. Son refus de s'exprimer en faveur du moins pire ne pouvait qu'alimenter le trouble d'une partie d'un électorat socialiste hérissée à l'idée d'utiliser un bulletin au nom de celui qu'il rêvait hier encore de bouter hors de l'Elysée. Toujours muet, Lionel Jospin peut tout de même écrire. Il l'a fait «sans illusions» mais non sans réserves, mais il l'a fait tout de même. C'est un progrès pour un psychorigide et cela facilitera la tâche des responsables socialistes qui savent que l'échec d'un homme n'est pas forcément la mort d'une idée. Mais le mutisme du Premier ministre n'était qu'un moindre tourment comparé aux interrogations que soulève le comportement de la droite «républicaine» depuis le 21 avril. Tout se passe en effet comme si une crapoteuse répartition des tâches avait été décidée en haut lieu non seulement en prévision du scrutin du 5 mai mais aussi des législatives : à Jacques Chirac l'antifascisme de tribune, à ses lieutenants et aux moins gradés les manoeuvres de souillarde et les clins d'oeil à l'électorat lepéniste. Dès lundi, l'exploitation par Jacques Chirac d'un véritable désastre national, pour en finir avec François Bayrou et Alain Madelin, avait fait froncer les sourcils à plus d'un. C'était un peu «règlement de comptes sur le Titanic». Depuis, il y a eu ce meeting de jeudi, à Lyon,
Éditorial
Le mal des schizos
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par Jacques AMALRIC
publié le 27 avril 2002 à 23h11
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