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Libération

«On se sent merdeux de ne pas avoir voté»

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Le 21 avril, 11,9 millions de Français ont boudé les urnes. Etats d'âme.
publié le 27 avril 2002 à 23h11

Ils ont défait la présidentielle. Dimanche, plus de 11,9 millions d'électeurs ont évité les urnes, bouleversé les rapports de forces traditionnels, autorisé le face-à- face impensable. Avant le pre mier tour, Libé ration (20 et 21 avril) avait rencontré plusieurs de ces probables abstentionnistes. In ter rogés au lendemain du grand choc, la plupart confirment, sous couvert d'anonymat, ne pas s'être déplacés jusqu'à leur bureau de vote. Par insou ciance. Par rejet d'une classe politique abhorrée. Par protestation. Regrets, terreur, satis faction, quelques «déserteurs» du premier tour confient leurs états d'âme.

Récidiviste. Au-delà des têtes en l'air revenues trop tard de leur week-end ensoleillé pour voter ou des têtes folles parties en congé sans laisser de procuration, il y a les abstentionnistes de conviction. Cultivés, ils ne sont pas socialement marginalisés. Leur refus de participer à l'élection est conscient et théorisé. Pour une partie d'entre eux, l'abstention est en soi un «vote utile», vote de rejet d'un système politique inefficace. Récidiviste de l'abstention, Marc, 36 ans, cadre dans une société informatique, raconte : «Je jouais au tarot avec des amis quand on a appris la nouvelle. L'un d'eux est devenu complètement fou. Pour ma part, cela m'indiffère. Si certains le vivent comme un coup de semonce, tant mieux : la classe politique s'intéressera alors peut-être aux raisons profondes de l'abstention massive des Français. Il y a trop de scandales, trop d'élus imp