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Libération

En route spontanément

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Récit des préparatifs hier dans l'Est parisien.
publié le 30 avril 2002 à 23h13

Hier matin à Paris, la rentrée des lycéens et étudiants avait des airs de bataille buissonnière. Sous l'impulsion de quelques «grandes gueules à keffieh» ou «intellos radicaux», filles et garçons ont lancé des assemblées générales, déserté leurs établissements, mélangé récits de vacances et slogans de manifs.

«A l'improviste». Dans l'Est parisien, dès 10 heures du matin, les lycéens de Paul-Valéry se mettent en marche. «Environ 500», dit l'un d'eux. Le programme ? Aller de la Porte Dorée jusqu'à République, en passant chercher les potes ou les inconnus, ceux des établissements du quartier : Maurice-Ravel, puis Hélène-Boucher, puis Arago, enfin Voltaire. Ils disent tous : «Ça se fait à l'improviste, sans l'aide des syndicats ni des associations.» Il pleut parfois, fait soleil souvent, les peaux noires chantent à côté des blanches et le service d'ordre se bricole avec des brassards de chatterton. A côté de la Nation, vers 11 heures, parmi la foule discutent Thomas, Mounir, Ruben et Angela. Entre 17 et 18 ans, vrais potes, dans le cortège «parce qu'on doit y être», mais pas dupes non plus. Ruben : «Un peu facile de manifester. Faut pas nous prendre pour des héros. Ceux qui disent "la honte" et "no pasaran", j'ai envie de leur retourner la tête. Que des postures de rebelles.» Mounir tempère, parle de «devoir citoyen», et raconte la discussion, ce matin avant de quitter le lycée, avec «un gars qui a voté Le Pen» : «On n'en connaît qu'un seul, c'est normal, on est privilégiés : ni