Samedi, à 18 h 50, Robert Dardour quitte la manif anti-Le Pen à Nation, rentre chez lui rue du Rendez-Vous, mais se heurte à un barrage de CRS : «Monsieur, enlevez ça.» Ce chirurgien-dentiste de 56 ans refuse d'ôter le pin's en forme de triangle rouge de Ras l'Front et l'affichette explicative «Signe des déportés dans les camps nazis» : «J'ai le droit à la liberté d'opinion et d'expression.» Le CRS : «Vous ne passerez pas. J'habite là. C'est un règlement de la préfecture de police. Vous êtes déjà les chiens de garde de Le Pen ? Si vous le gardez, retournez dans la manif.» Robert revient sur ses pas, ferme sa veste en cuir et se représente, «vierge de tout insigne, sans opinion apparente», devant le CRS qui n'en démord pas : «Vous l'avez mis où ?» En réponse, Robert «bombe le bas-ventre». Un chef CRS intervient : «Enlevez ça immédiatement, sinon on vous embarque.» Robert s'emporte : «C'est un comportement fasciste.» Aussitôt menotté, il est embarqué au commissariat voisin, gardé à vue toute la nuit pour «outrages à agent de la force publique», libéré à 11 h 45 dimanche et convoqué au tribunal pour le 11 septembre. Un officier «sympa» lui a expliqué que les zélés CRS ont utilisé un vieux texte pour le «protéger des amis de Le Pen»... Robert compte déposer plainte contre le préfet de police pour «règlement liberticide», contre les CRS pour «complicité» et contre le commissariat pour «garde à vue abusive». De l'aveu de la justice, «porter un tel insigne ne constitue pas
Garde à vue pour un pin's
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publié le 30 avril 2002 à 23h13
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