Il rêvait de Matignon. Il sera à l'Intérieur, chargé des législatives. Avec, en compensation, le titre de numéro 2 du gouvernement. A 47 ans, Nicolas Sarkozy rate le coche une fois de plus. Il y a sept ans, Balladur lui a déjà fait miroiter le poste de Premier ministre. Chirac élu, il s'est retrouvé au placard. Non sans s'être fait copieusement injurier par les chiraquiens, bien décidés à lui faire payer sa trahison. Il bravera les sifflets et n'aura de cesse qu'il ne remonte en selle.
S'il est ambitieux, il n'a rien de l'homme pressé. C'est un bosseur. Et il est insubmersible. «J'ai dix ans de moins que les autres et les autres sont paresseux», soutient cet avocat qui a gravi tous les échelons du RPR et affiche sa couleur à droite. Etudiant en droit à Nanterre, il adhère à l'UDR en 1974, après avoir assisté à un meeting de Chaban-Delmas. Délégué jeunes, délégué cantonal, secrétaire de circonscription, délégué national, secrétaire national en 1988, son ascension sera longue... Avec des raccourcis fulgurants. En 1977, il est élu au conseil municipal de Neuilly en 37e position. Le dernier de la liste. En 1983, il est maire. Non sans avoir doublé Charles Pasqua qui convoitait la place à la mort d'Achille Peretti. Sarkozy a sa morale. «Quand on me laisse un espace libre, je l'occupe», dit-il. Et de préciser : «Je les colle tous pour mieux les mouiller.» En 1988, élu député des Hauts-de-Seine, il va «scotcher» Chirac, dont il anime la cellule présidentielle du boulevard Saint-Germ