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Jaime Roos vibre de passion Celeste

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Le chanteur populaire mêle ballon et musique, les deux amours du pays.
publié le 1er juin 2002 à 23h48

Montevideo envoyé spécial

Le crépuscule tombe sur une cité portuaire d'un autre siècle. Le calendrier, bien que bloqué aux années 50, n'a pas jauni. Le temps n'a aucune emprise sur ces ruelles de la Ciudad Vieja, le centre historique de Montevideo, plongées dans une obscurité paisible. Même la rambla Norte, avenue longeant la mer et bordée de nombreuses pelouses, prises d'assaut dès le matin par une inévitable horde des footballeurs, a retrouvé le calme du ressac. Cet axe routier majeur est presque désert, muet. La fréquence des lampadaires comble difficilement la noirceur d'un ciel épaissi par la tombée de la nuit. Le silence des ténèbres semble avoir écrasé toute une ville.

Entre la pétarade des quelques voitures hors d'âge qui sillonnent les artères encore chaudes de la journée, un bruit sourd s'élève des quartiers nord. Une llamada, défilé carnavalesque de percussions, a été improvisée dans Canelones, une rue vallonnée parallèle au bord de mer. Une vingtaine de tambours de tailles différentes résonnent comme une seule peau sur un rythme de candombe, la musique des Afro-Uruguayens. L'attroupement emplit vite la largeur de la rue. Les portes s'ouvrent. On danse, on rejoint sans hésiter un tintamarre qui se déplace pas à pas vers les quartiers ouest. Au carrefour Carlos Quijano, quelques percussionnistes se relayent, picorent des saucisses grillées fumantes sur un des étalages qui jalonnent le parcours, avalent des verres de whisky comme du petit lait et retournent suer à gro