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Libération
Éditorial

Cotonneux

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publié le 3 juin 2002 à 23h47

C'est la ouate qu'il préfère. Après avoir réussi avec la «fracture sociale» à neutraliser il y a sept ans une partie non négligeable de l'électorat disposé à se tourner vers la gauche, Jacques Chirac a récidivé avec un Premier ministre dont les rondeurs consensuelles, la modestie exhibée en sautoir, peuvent donner à croire aux électeurs du 5 juin ayant voté contre eux-mêmes que, finalement, une droite aussi tempérée ne peut pas être totalement mauvaise. A l'évidence, ça marche, avec des sondages de popularité qui portent au pinacle Jean-Pierre Raffarin et accueillent avec un préjugé favorable la plupart des nouveaux ministres. Le côté cotonneux d'une image gouvernementale au marketing «tous publics» a l'intérêt immédiat d'étouffer les velléités de donner un relief national à la campagne des législatives. C'est tout bénéfice quand sortir de l'ambiguïté risquerait de rappeler que ce gouvernement est porté par les 20 % de Chirac au premier tour plutôt que les 80 % du second. Le refus par Jean-Pierre Raffarin de débattre avec François Hollande au prétexte qu'il ne ferait «pas le même métier» était une aimable plaisanterie. Ce fut en tout cas l'occasion ratée de rappeler aux Français, au moins une fois, que les législatives, ce ne sont pas seulement 577 élections, mais aussi une confrontation de projets gouvernementaux. Les socialistes semblent ne pas avoir trop insisté sur cette esquive, tout occupés qu'ils sont à défendre leurs positions locales de sortants.

Jean-Pierre Raffarin