Meaux envoyée spéciale
La dame est une caricature, mais elle assure «dire tout haut ce que tout le monde ici pense tout bas». Cheveux blonds décolorés, ensemble bleu-vert à ramages et sac en plastique à la main, elle promène, comme toutes les semaines, son vieil âge et sa gouaille dans la permanence de Jean-François Copé, maire de Meaux, postulant député et tout nouveau porte-parole du gouvernement. La liste de sa colère est longue et nauséeuse. Dans le désordre, il y a ces «animateurs de quartier qui sont en fait des vendeurs de came», «les pédés» qui viennent d'emménager dans son immeuble, «les muets» qui garent leur moto là où il ne faut pas et qu'elle se propose de chasser, et «tous ces jeunes de couleur qui démontent les moteurs de voiture». «Si rien n'est fait, conclut-elle, je vote extrême droite.» Et ajoute : «N'importe comment, vous montez au gouvernement, on ne va plus vous voir. Déjà que vous n'habitez pas ici !» Copé répond par le sourire : «Ça vous fait une relation au gouvernement comme ça.»
Habitants excédés. Dans ce quartier de Beauval, le Front national avoisine les 20 %. Ce couple de chômeurs ne cache pas sa hargne. «S'il faut être arabe pour décrocher un boulot, il faut le dire», lance la femme au maire. Jean-François Copé proteste mollement : «On ne vous laissera pas tomber.» Il se veut à l'écoute des préoccupations de ces habitants excédés, comme ce père de famille qui n'en peut plus de ne «jamais pouvoir s'endormir avant 3 heures du matin parce que des go