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Libération
Éditorial

Malaise

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publié le 7 juin 2002 à 23h51

S'il est de saison d'interpeller les politiques sur la rareté dans leurs rangs des minorités issues de l'histoire coloniale, il ne faut pas oublier que le problème est plus large. Les discriminations à l'embauche ou au logement sont autrement plus ressenties que le nombre infime d'investitures accordées à des «beurs» ou des «blacks» aux législatives. Reste que c'est une constante héritée des immigrations successives qui ont «fait» la France que l'accès de leurs enfants aux postes politiques prolongeait et renforçait l'intégration sociale. Ce processus connaît des lenteurs de moins en moins supportables s'agissant des «derniers arrivants», en tout cas de leurs enfants issus de cette immigration maghrébine et africaine. Qu'on s'extasie, à l'aube du XXIe siècle, sur la nomination d'une fille d'Algériens au gouvernement, en dit long sur les retards accumulés dans le monde politique. Rien que l'université compte aujourd'hui dans ses rangs suffisamment de talents de même origine pour tordre le cou à l'argument des compétences difficiles à trouver. Mais le malaise est peut-être plus profond en ce qu'il touche aux racines même de l'engagement collectif citoyen. Les mobilisations anti-Le Pen de l'entre-deux-tours ont montré toute l'énergie et les ressources d'une jeunesse qui trouve plus facilement un cadre accueillant dans les associations que dans les partis ; et qui demeure en tout cas rétive, sinon étrangère, aux codes de l'action politique traditionnelle. La gauche est affectée