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Libération
Éditorial

Atonie

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publié le 8 juin 2002 à 23h52

Les eaux dormantes recèlent souvent des dangers imprévus. En cette veille de premier tour des législatives, l'électorat paraît atone et majoritairement résolu (ou résigné) à accorder au président réélu une majorité parlementaire, en raison de la logique des institutions plutôt que par égard pour ses mérites personnels. Il faut pourtant se méfier. Un même sentiment de démobilisation morose prévalait avant les législatives de 1997, les municipales de 2001, le 1er tour de la présidentielle de 2002... Et puis il y eut surprise, notamment chez les sondeurs.

Si surprise il doit y avoir dimanche soir, on ne sait pas davantage sous quelle forme ni au profit de qui. Même la droite n'est pas si sûre que l'argument anticohabitationniste suffira à créer un mouvement suffisant en sa faveur. Car la machine infernale du 21 avril, qui combine multiplication des candidatures et propension à l'abstention, est toujours en place. A la puissance 577. Avec au final, le spectre du FN dynamitant le choix républicain. Depuis le 21 avril au soir, personne ne peut plus s'abriter derrière l'ignorance des conséquences de chaque vote (ou non-vote), ce fut même un des leitmotive des manifestations de l'entre-deux-tours et une puissante motivation du «non» à Le Pen, le 5 mai. Mais la ferme conviction affichée à gauche, que l'heure de la «revanche» viendrait très vite au moment des législatives, s'est effilochée avec le temps.

Outre que l'opinion a été anesthésiée par un Premier ministre plus prolixe sur sa m