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Libération
Éditorial

Le ménage

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publié le 10 juin 2002 à 23h52

Le 21 avril, au premier tour de la présidentielle, une froide colère électorale tous azimuts : des fractures sociales, culturelles et politiques, la gauche jospinienne éliminée, une extrême droite imprécatrice en deuxième position, le chef de l'Etat sortant, pourtant un candidat éclopé, victorieux par défaut.

Trois tours plus tard, après la levée en masse du 1er Mai et le vote citoyen du 5 mai, les électeurs ont fait le ménage en grand, en prenant à contre-pied tous les fourriers de la crise. Le 9 juin n'est pas la répétition du 21 avril, mais sa clarification, son éclaircissement.

Les extrémistes de droite sont renvoyés dans les marges où ils perdent l'essentiel de leurs moyens de chantage, tout comme les groupes d'extrême gauche à nouveau placardisés, tandis qu'est plébiscitée la bipolarisation entre les deux principales formations politiques, l'UMP et le PS, qui fait le même score qu'au premier tour de 1997, alors que ses alliés «pluriels» sont laminés. Enfin une alternance nette et cohérente avec le résultat de l'élection présidentielle est mise en place. Jacques Chirac disposera vraisemblablement d'une majorité absolue pour gouverner et appliquer un programme fantomatique.

Pour limiter la casse politique, pour éviter au pays d'être totalement ingouvernable, l'électorat s'est rallié à l'orthodoxie de la Ve République et a fait le choix de la cohérence entre le chef de l'Etat réélu et la majorité législative. Entre deux maux, les électeurs ont considéré que l'un était moins