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Le vote utile, artisan de la bipolarisation

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Dimanche, les électeurs ont renoncé à se faire plaisir et misé sur la cohérence.
publié le 11 juin 2002 à 23h54

Les électeurs ont tiré les leçons de la présidentielle beaucoup plus vite que ne l'imaginaient les politiques. Tel est le principal enseignement de notre sondage Louis Harris-Libération-AOL réalisé dimanche soir, juste après le vote. Du 21 avril, ils ont retenu qu'à trop vouloir se faire plaisir on pouvait faire perdre son camp. Du 5 mai, que la cohabitation était morte. Le premier tour les a fait réfléchir sur les vertus de la bipolarisation. Le deuxième les a poussés, par souci de cohérence, à donner l'avantage à la droite.

Fidélité. Il suffit pour le vérifier de suivre l'itinéraire des électeurs d'Olivier Besancenot, d'Arlette Laguiller, de Robert Hue, de Noël Mamère et de Jean-Pierre Chevènement entre le 21 avril et le 9 juin (tableau ci-dessus). Un électeur de Besancenot sur deux, un sur quatre parmi ceux de Laguiller, de Hue ou de Chevènement, et 40 % de ceux de Mamère, ont voté socialiste dès le premier tour dimanche. «C'est l'idée d'une politique utile, d'une politique apaisée, qui prédomine», estime François Miquet-Marty, directeur des études politiques à l'institut Louis Harris.

Chez les électeurs de Robert Hue, la fidélité reste la norme : 75 % ont voté communiste le 9 juin. Ceux d'Arlette Laguiller se sont totalement dispersés. 21 % ont rejoint la droite parlementaire (UMP, UDF, et divers droite), et même 10 % à l'extrême droite. Quant au «pôle républicain», il a perdu tout pouvoir d'attraction, même sur les électeurs de Jean-Pierre Chevènement : 36 % d'entre eux o