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Libération
Éditorial

Singulier

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publié le 11 juin 2002 à 23h54

La gauche ne se conjugue plus au pluriel, mais au singulier. Le premier tour des législatives a imposé la primauté du PS à gauche au point que les Verts et le PCF font désormais figure de satellites. On voit mal en effet, à échéance prévisible, comment ils pourraient échapper à cette attraction fatale. Tout ce qu'ils peuvent espérer, ou préserver comme fonctions électives, dépend du bon vouloir socialiste. Déplorer une telle «hégémonie» est un peu vain, ce sont d'abord les électeurs ­ ou les non-électeurs ­ qui ont fait ce choix. La «proportionnalisation» du vote du 21 avril donnait l'occasion unique aux uns et aux autres de s'affirmer aux dépens de leur encombrant tuteur ; manifestement, l'accident électoral de Lionel Jospin n'a pas profité à ses rivaux de la gauche plurielle. Le «vote utile», qui a fait rentrer dimanche au bercail socialiste nombre d'électeurs de gauche dispersés chez d'autres au premier tour de la présidentielle, met à mal les illusions de ceux qui voyaient toutes les radicalités de l'époque submerger une social-démocratie jugée irrévocablement déclinante.

Cette place qui conforte le PS comme seule force alternative de gouvernement lui confère une responsabilité dont on voit mal encore comment il l'exercerait. Car, après la sanction électorale de cinq années de gouvernement, la gauche est à redéfinir, et pas seulement au regard des désaffections populaires et générationnelles qui alimentent un abstentionnisme tenace. Par la force des choses, ce processus d