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Libération
Éditorial

Mort subite

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publié le 12 juin 2002 à 23h55

Ainsi conviendrait-il de «ne pas brûler ce qu'on a adoré», alors que l'équipe de France de football championne du monde en 1998 quitte piteusement le tournoi où elle défendait son titre. L'injonction vient d'en haut, elle risque de ne pas être entendue en bas. Car on ne peut pas faire des Bleus les personnages d'un «Loft» enchanté, inviter à boire de l'eau avec Zidane, téléphoner avec Desailly ou manger du boeuf avec le joueur éponyme sans que le spectateur-consommateur ne soit enclin à être regardant. Sur le terrain et en dehors. Si l'on en restait au football, la France a joué, mal joué, perdu, se retrouve éliminée, et il n'y aurait rien à en dire. Quand des joueurs sont fourbus de trop de matchs livrés pendant l'année, quand ils paraissent rassasiés par trop d'honneurs officiels, par trop d'argent facile, quand ils courent sur un terrain à la recherche d'un système de jeu que l'on a oublié de leur fournir, alors la sanction est logique. Mais comme cette équipe et ceux qui la cornaquent font l'objet depuis quatre ans d'une révérence nationale étouffant toute critique, le réveil est brutal. Il est en tout cas salutaire pour rappeler la versatilité du sort qui, par exemple, fait qu'à quelques centimètres un ballon ne rentre pas dans le but mais touche la barre, or l'on oublie parfois que le sort a pu, en d'autres temps, faire la grimace aux adversaires des Français à des moments-clefs.

Cette mort subite des ambitions footballistiques françaises déchire bien d'autres rideaux.