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Libération
Analyse

Le fléau de l'égoïsme

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Les déclarations de principe masquent l'inaction.
publié le 14 juin 2002 à 23h56

Tristes tropiques. Et désolant Sommet mondial pour l'alimentation. Il s'est ouvert sur l'amer constat de belles promesses non tenues. L'aide à l'agriculture des pays développés et des institutions financières internationales n'a jamais autant baissé, chutant de près de 50 % de 1990 à 2000. A ce rythme, il faudra attendre 2060, au lieu de la date fixée de 2015, pour diminuer de moitié le nombre de 815 millions de personnes victimes de malnutrition. La réunion s'est tenue, malgré un report de sept mois, mais en l'absence des leaders des pays riches, hormis l'Italien Berlusconi, hôte du sommet, et l'Espagnol Aznar, président en exercice de l'UE. Il s'est soldé par un constat d'impuissance. Faute de réelle volonté politique, d'une architecture commerciale plus équitable et d'aides financières moins chiches, «l'alliance planétaire contre la faim» proclamée à Rome a toutes les chances de n'être qu'un nouvel habillage masquant l'inaction.

Fiasco. Et pourtant, d'un sommet à l'autre, la solidarité planétaire est chantée sur tous les tons. Rarement, en effet, les dirigeants de ce monde n'ont autant glosé sur les questions de développement (durable), d'aide internationale (à relancer), de pauvreté (à réduire). Le thème de la «fracture mondiale» prospère... dans les discours. Au G8 de Gênes (Italie), les pays riches ont (re) parlé de l'urgence d'alléger la dette. A la réunion de Doha (Qatar), l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a lâché sur les brevets permettant un meilleur accès a