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Libération
Interview

«Les famines d'aujourd'hui sont des famines tolérées»

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publié le 14 juin 2002 à 23h56

Sylvie Brunel, géographe, travaille sur la question des famines dans le monde depuis plus de vingt ans. Elle est l'auteur de Famines et politique (Presses de Sciences-Po, 2002).

L'Inde, le Bangladesh, l'Indonésie ou la Chine ont connu des famines ravageuses dans les années 60. Comment ces pays ont-ils réussi à s'en affranchir ?

Ils ont mis en place des mécanismes de prévention et de traitement des crises alimentaires. Quand il y a une pénurie alimentaire, elle met des semaines, voire des mois à s'annoncer. La réponse de ces pays consiste à lâcher sur les marchés des stocks qui permettent de faire baisser les prix, et à organiser des distributions de nourriture pour les plus vulnérables. Ces pays ont aussi su tirer parti de recherches qui ont été menées, par exemple, sur le riz au Japon ou sur le blé et le maïs au Mexique et aux Etats-Unis. Ils ont ainsi trouvé des solutions techniques qui leur ont permis de doubler, voire de tripler leurs rendements. En Inde, sur 100 millions d'hectares, on a pu multiplier par deux la production agricole.

Où se produisent aujourd'hui les famines ?

Dans des pays où, a priori, on pensait qu'il n'y aurait pas de problèmes, car ils sont riches et fertiles. Par exemple en Afrique australe. Aujourd'hui, la famine risque surtout de toucher des pays qui sont en état de désorganisation économique et politique tel qu'ils laissent de côté des pans entiers de leur population.

Quel rôle l'aide internationale joue- t-elle dans les famines ?

Un rôle important, m