C'est un serpent de mer qui ressurgit de plus en plus souvent. Les OGM (organismes génétiquement modifiés) sont-ils la solution pour lutter contre la faim dans le monde ? La question a de nouveau été soulevée à Rome. Deux concepts du développement, deux écoles de la mondialisation, s'opposent sur ce sujet. D'un côté, la plupart des ONG, des mouvements paysans, relayés par un certain nombre de pays du Sud, récusent ce qu'ils estiment être l'illusion du tout-biotechnologique. Après tout, la production alimentaire mondiale actuelle suffit à satisfaire les besoins, et la malnutrition est surtout la conséquence de problèmes de redistribution ou de guerre. De l'autre côté, les multinationales agroalimentaires prônent le développement des OGM, de plus en plus appuyées par les pays occidentaux et par plusieurs pays du Sud. Entre les deux, les institutions internationales qui se déchirent, entre elles et en interne. C'est vrai pour le Programme des nations unies pour le développement (PNUD), porte-parole très écouté de la mondialisation raisonnée, dont le dernier rapport dénonçait l'obscurantisme anti-OGM. C'est encore plus vrai pour la FAO qui, après des batailles internes virulentes, a longtemps oscillé, avant de plaider désormais pour un «encadrement maîtrisé» de la génétique alimentaire.
Semences gratuites. Les enjeux sont de taille. D'abord pour les quatre grandes firmes «biotech» dont les investissements franchissent difficilement les portes européennes en raison du poids des as