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Libération

L'audit, une invention royale

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Louis X a été le premier à en réclamer un.
publié le 28 juin 2002 à 0h06

Confier à un expert une mission d'audit pour évaluer l'état des finances publiques est une vieille tradition française. Elle est souvent chargée d'arrière-pensées politiques. L'un des initiateurs de la méthode fut Louis X (dit le Hutin) qui, en 1314, à la mort de Philippe le Bel, fit examiner de près la gestion du ministre des Finances sortant ­ on disait alors garde du Trésor. Résultat : Enguerrand de Marigny fut pendu au gibet de Montfaucon où son cadavre fut exposé pendant deux ans en place de Grève. Il est vrai que cet audit débordait du cadre strictement financier : il était certes reproché au lointain prédécesseur de Laurent Fabius d'avoir rogné la monnaie, mais aussi trafiqué avec les Templiers, calomnié la princesse Jeanne, et pratiqué la sorcellerie.

Autre ministre des Finances (on disait alors surintendant) victime du procédé, Nicolas Fouquet aurait dû éviter d'étaler son enrichissement personnel en recevant fastueusement Louis XIV dans son château de Vaux-le-Vicomte. Vexé, le roi demanda à Colbert d'auditer sa gestion et Fouquet, arrêté par d'Artagnan en 1664, finit ses jours en prison.

«Compte rendu au roi». Au siècle suivant, Jacques Necker, contrôleur général des Finances, audita lui-même sa propre gestion. Il la jugea excellente et conclut que c'étaient surtout les courtisans qui coûtaient très cher à la monarchie. Il fut quand même congédié en 1781 après la publication de son Compte rendu au roi, dont le succès auprès de la bourgeoisie éclairée aurait dû alerte