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Libération
Éditorial

En creux

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publié le 4 juillet 2002 à 0h17

Pour un discours de la méthode, la déclaration de politique générale de Jean-Pierre Raffarin était interminable. Pour un discours programmatique, on était dans l'inachevé. Son texte n'était pas creux, mais en creux.

Savoir précisément ce qui attend le pays durant les cinq ans d'omnipotence exécutive et législative donnés à la droite par les urnes relève du jeu de piste. Sous le couvert du «droit à l'expérimentation», du «dialogue social», de l'«autorité» de l'Etat restaurée, derrière la rondeur des mots qui ne fâchent pas trop, la modestie affichée, il y a les interstices d'une politique possible, autrement moins paterne que ne veut bien le laisser paraître ce bon M. Raffarin. «Oxygéner» la société en laissant opérer à leur guise les acteurs de la vie locale ou sociale est une excellente chose, mais il peut tout autant en surgir sournoisement la remise en cause des protections de la loi générale que des blocages inhérents aux désaccords irréductibles entre partenaires. C'est une habileté du Premier ministre en place, instruit par les erreurs de ses prédécesseurs, que de s'attaquer à tous les secteurs sensibles en ouvrant de vastes chantiers, tout en gardant dans sa manche les plans que le gouvernement et sa majorité veulent mettre en oeuvre vraiment, après avoir éprouvé les résistances. Les cas des retraites, des effectifs de fonctionnaires, de l'assouplissement des 35 heures, pour en rester à ces seuls exemples, illustrent ce comportement contourné dont le sommet paradoxal e