Homme de communication, formé à l'ESCP, une école de commerce parisienne, et torréfié chez Jacques Vabre, Jean-Pierre Raffarin n'est pas avare de formules. Il connaît leur poids et sait en user. Hier, s'il s'est gardé de citer sa «France d'en bas», il a multiplié les emprunts, mêlant, sans jamais les citer, références philosophiques et politiques, piochant chez Ferry (Luc), philosophe devenu son ministre, Kennedy (John Fitzgerald), ancien président américain, et chez Giscard à qui il doit beaucoup. Echantillon de la lexico logie raffarinienne.
«Quand la France doute de sa place dans le monde, elle doit revenir à sa source d'excellence : la pensée.» Une allusion à l'universalisme des Lumières mais aussi au slogan de la première crise pétrolière, époque giscardienne où Raffarin était jeune giscardien : «En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées.»
«Bien que la demande de la France soit forte dans le monde, le monde ne nous attendra pas.» La formule rappelle le slogan de 1968 : «Cours, camarade, le Vieux Monde est derrière toi.» Le monde désormais court devant, globalisation oblige, et le «camarade» Raffarin promet d'essayer de ne pas se laisser distancer.
«Rapprocher le pouvoir de la vie.» Employée à propos de la décentralisation, la formule fait allusion à l'ouvrage ancien de Giscard, le Pouvoir et la vie.
«Notre projet est celui d'une France porteuse d'un nouvel humanisme.» Si l'humanisme, venu de la Renaissance, est la doctrine qui prend «l'homme pour fin et pour vale