Dans la liste des Premiers ministrables en course, Jacques Chirac avait repéré Jean-Pierre Raffarin pour son punch à la tribune et son appétence à discourir. Il a dû être déçu hier. Son chef du gouvernement rêvait d'égaler la performance de Jacques Chaban-Delmas, auteur d'un discours remarqué sur la «nouvelle société» en 1969, il s'est empêtré dans une déclaration de politique générale trop longue, craintive et sans entrain. Signe de son ratage : il n'est pas parvenu à réduire au silence les travées de l'hémicycle. La gauche l'a chahuté, la droite s'est assoupie entre les applaudissements de rigueur. Mal à l'aise face à un texte mal calibré, il a accéléré le débit, comme pressé d'en finir, sautant des paragraphes et avalant les mots, s'embrouillant dans les lignes («des assouplissements nécessaires sont nécessaires») et larguant son public au fur et à mesure du déroulé.
Si le Premier ministre n'est pas parvenu à saisir son auditoire, c'est que derrière ses mots à lui «la république des proximités», «la nouvelle gouvernance», «le nouvel humanisme» , il a récité le programme d'un autre : Jacques Chirac. Lionel Jospin et Edouard Balladur étaient tous deux à l'origine du projet politique qu'ils ont été chargés de mettre en oeuvre. Raffarin, second couteau de la politique jusqu'à la présidentielle, a dû récupérer un corpus d'idées assemblées par d'autres et sur lequel il n'a que très peu imprimé sa marque. Dans son texte d'hier, préparé avec le chef de l'Etat, le Premier minist