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Analyse

A peine née et déjà entravée

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La CPI n'a pas encore les moyens de ses ambitions.
publié le 5 juillet 2002 à 0h18

L'hostilité ouverte de Washington à son encontre handicape lourdement la Cour pénale internationale (CPI). Chargé, selon son préambule, de juger les crimes «qui défient l'imagination et heurtent profondément la conscience humaine» ­ crimes de guerre, contre l'humanité, génocide et «agression» (lire ci-dessous) ­, ce tribunal permanent, rêvé dans l'après-guerre, enterré par la guerre froide puis relancé après la chute du Mur, naît finalement dans de bien mauvaises conditions. «Peut-il exister un multilatéralisme efficace sans le concours américain ?», s'interrogeait Serge Sur, spécialiste de droit international, peu après la signature, par 139 Etats à Rome, en juillet 1998, du traitéÊde la CPI.Ê

«Interdits communs». Pour entrer en vigueur, le projet devait être ratifié par au moins 60 pays. Chose faite en moins de quatre ans. «C'est un délai très court quand on connaît la résistance des Etats à abandonner ce qu'ils considèrent être une partie de leurs prérogatives», explique Mireille Delmas-Marty, professeur de droit à Paris-I. Elle souligne l'ampleur des espoirs qu'incarne cette juridiction, alors que s'affirment à l'échelle mondiale «des interdits communs et des valeurs communes». Saluée comme un tournant dans la lutte contre l'impunité des dictateurs et tortionnaires, la Cour risque néanmoins de ne pas avoir les moyens de ses très ­ trop ? ­ grandes ambitions. A la différence des deux tribunaux pénaux internationauxÊinstaurés par le Conseil de sécurité pour la Yougoslavie (