Insensiblement, par petites touches, le scénario de l'expulsion de Yasser Arafat de la scène politique prend forme. Car c'est bien un tel processus qui a lieu devant nos yeux, à la satisfaction des Israéliens, avec la bénédiction des Américains, le soutien des Egyptiens et les protestations de stricte convenance des Européens. Et c'est avec cette grille de lecture qu'il faut décrypter les événements des dernières semaines, qu'il s'agisse de la laborieuse réforme des multiples organes de la sécurité palestinienne, des violentes protestations qu'elle soulève, de la discrète tournée en Europe d'un homme comme Mohammed Dahlan, l'un des hommes forts de Gaza, ou des nouvelles humiliations infligées au président de l'Autorité palestinienne. Car les opérateurs de l'exfiltration politique du vieux raïs avancent masqués, dans l'espoir d'éviter, à ce stade, de trop violents affrontements interpalestiniens qui placeraient d'emblée le ou les successeurs d'Arafat dans une position impossible.
Le but de ces grandes manoeuvres, pour les Américains, est de mettre au pouvoir à la tête des Palestiniens une nouvelle génération de dirigeants «réalistes» avec lesquels il serait enfin possible d'arriver à un compromis garantissant la sécurité d'Israël et comprenant la création à terme d'un Etat palestinien. Pourquoi pas, en effet, au point où nous en sommes, emprunter des chemins tortueux s'ils débouchent enfin sur la paix ? Encore faudrait-il que ce plan qui n'ose pas dire son nom ait été approuvé