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Libération

La déscolarisation, si peu une affaire d'école

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Selon une étude, absentéisme rime avec difficultés familiales.
publié le 11 juillet 2002 à 0h22

Dans un rapport inédit consacré à «La déscolarisation dans le Mantois» (région de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines), le sociologue Hugues Lagrange estime que «la déscolarisation est avant tout un symptôme qui ne parle pas seulement de l'école, mais surtout des familles et des trajectoires des individus». Dans la majorité des cas analysés, elle est en effet liée à «des altérations graves du cadre de vie et spécialement des relations familles».

Exemples : H., 41 demi-journées d'absence dans l'année (1) : «père décédé, problèmes de santé, pas de ressources du côté des frères et soeurs» ; N., 96 demi-journées d'absence, «situation familiale très lourde, conflit grave avec la mère» ; L., 59 demi-journées, dont le demi-frère «a fait l'objet d'une dizaine de procédures» judiciaires... «Tous les élèves déscolarisés, sans exception, sont considérés soit comme des mineurs en danger, soit comme des mineurs délinquants par la justice. Parmi eux, les situations familiales très problématiques recoupent 50 % des cas. Ceux qui ont vraiment décroché sont dans des problématiques très éloignées de l'école, qu'ils soient dans la délinquance, la "parapsychiatrie" ou gens du voyage. L'absentéisme n'est pas un événement isolé. Il n'y a pas d'autonomie du phénomène de décrochage scolaire», explique Hugues Lagrange (2). Telle serait la différence entre l'absentéisme «chronique» et l'absentéisme «ordinaire ou choisi» : le premier, à la différence du second, ne relèverait pas d'«une rupture délibérée