«L'absence de preuve n'est jamais la preuve de l'absence.» Il y a des devises qui vous poussent à faire des rêves, et des rêves qui parfois se réalisent. Voilà toute l'histoire du paléontologue Michel Brunet, 63 ans, chahuteur de théories, qui jamais ne tint pour acquis que l'homme avait poussé son premier cri dans l'Est africain. Chercheur terriblement opiniâtre de fossiles là où personne ne les attendait. A mille lieues de ces chantiers de fouilles kenyans ou tanzaniens où les paléontologues se font des guerres de territoire dans l'espoir d'y dénicher un beau crâne, voilà maintenant près de dix ans, qu'il écume les déserts du Tchad. Avec son vieux marteau de paléontologue, son chèche, son coupe-vent, ses lunettes de ski pour protéger son regard bleu des vents de sable. Avec une équipe de fidèles, dans laquelle il a pris soin d'intégrer ses «amis» tchadiens. Avec un tel succès qu'aujourd'hui Michel Brunet, c'est l'homme de l'Ouest (africain s'entend).
Pourtant, longue fut la traversée du désert de cet ancien chercheur de restes de mammifères paléolègnes (trente millions d'années), qui partit en vain chasser du ramapithèque en Afghanistan. Malchanceux qui avala ensuite durant près de dix ans des kilomètres de jeep au Cameroun et au Nigeria, où il tamisa des tonnes de sédiments sans y trouver le moindre bout d'os ancestral. Malheureux qui perdit tragiquement en 1989 son meilleur ami, le géologue Abel Brillanceau, lors d'une campagne de fouilles, et en garde encore «un profond