Depuis vingt ans, on vivait sur une version des événements relativement simple : l'homme était né il y a quelques millions d'années quelque part à l'est de la vallée du Rift, grande barrière naturelle séparant l'Afrique orientale du reste du continent. Là, l'ancien primate s'était peu à peu redressé dans la savane jusqu'à se transformer en hominidé, tandis que ses cousins les plus proches, dans les forêts de l'autre côté du Rift, devenaient chimpanzés et bonobos. Cette théorie d'un tronc commun partagé en deux branches, formalisée par le paléontologue français Yves Coppens après sa découverte des restes de Lucy, prend avec la découverte de Toumaï un sacré coup de vieux : d'abord, parce que l'homme du Tchad serait au moins deux fois plus vieux que Lucy, ensuite parce que la découverte de Michel Brunet semble prouver la présence d'hominidés à l'ouest du Rift. Voilà qui promet de belles confrontations entre paléontologues. Voilà surtout qui relance le débat sur les origines de l'homme. Car plus on les cherche et plus elles s'avèrent complexes. Les découvertes amènent autant de nouvelles questions que de certitudes. Les chercheurs ont désormais face à eux une collection de crânes, représentant des dizaines de branches d'hominidés, alors que le profane ne connaît souvent que les deux plus récentes et les plus célèbres, Cro-Magnon et Neandertal. De quelle branche descendons-nous ? Est-ce que Toumaï est notre plus lointain ancêtre, qui deviendrait alors le premier homme ? N'est-il
Éditorial
Un arbre florissant
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publié le 11 juillet 2002 à 0h22
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