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Libération

A l'heure de la prière, un drapeau jaune et rouge

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A 7 heures, l'îlot avait changé de mains sans résistance des Marocains.
par Alfonso ROJO
publié le 18 juillet 2002 à 0h26

Ceuta envoyé spécial

Le premier Marocain à remarquer qu'il se passait quelque chose de bizarre sur l'île Persil ne fut pas un des huit fusiliers marins arrivés la veille pour prendre la relève des gendarmes. En contrebas, au milieu des rochers et encore somnolents, ils n'ont même pas entendu le battement des pales des hélicoptères espagnols. Jusqu'à ce que des voix glaçantes, par mégaphone, leur intiment l'ordre, en arabe et en français, de se rendre, ils ne se sont rendus compte de rien. La sentinelle postée au sommet de Punta Leona, face à Persil, sur le continent, ne s'est, elle non plus, aperçue de rien. Hier à l'aube, le levant soufflait avec force et il passait son tour de garde recroquevillé dans sa misérable guérite. S'il avait été dehors, il aurait peut-être remarqué que les hélicoptères s'attardaient plus longtemps que d'habitude.

Petit déjeuner. Les premiers à percevoir que quelque chose se tramait ont été les soldats qui se levaient pour faire la prière de l'aube. C'est juste à cette heure-là, à 6 h 17, que 28 bérets verts espagnols ont lancé leur attaque, descendant par des filins des Super Puma Cougar. Un détail qui nous avait étonnés vendredi, lorsque nous étions allés à Punta Leona, est que les militaires marocains ne se servaient pas de talkie-walkies, mais de téléphones portables. Quand ils nous avaient surpris au sommet, observant l'îlot sans autorisation, ils avaient prévenu le commandement de notre présence avec un simple téléphone, et ils avaient répété l