La guerre de Persil n'aura (peut-être) pas lieu. On peut s'amuser de la bataille picrocholine qui a opposé sur un rocher à chèvres (dont la nationalité est sans doute contestée) 28 soldats espagnols à 6 marsouins marocains. Mais les précédents historiques invitent à ne pas rire trop vite ni trop fort. On a vu, y compris dans un passé récent, trop d'hommes mourir par centaines pour l'absurde gloriole de faire flotter une oriflamme sur des récifs déserts ou des îles perdues, de l'Atlantique à la mer de Chine en passant par la Méditerranée. C'est que les affrontements les plus sanglants trouvent parfois leur origine dans des enjeux plus symboliques que concrets. Mais le symbolique n'est souvent qu'un prétexte qui cristallise des tensions souterraines bien plus sérieuses. La liste des contentieux de part et d'autre du détroit de Gibraltar est longue de la revendication marocaine sur les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla à l'exaspération espagnole devant la déferlante de l'immigration clandestine marocaine, en passant par la pêche, le trafic du haschisch ou l'avenir du Sahara occidental. En réalité, le détroit marque une frontière explosive, celle qui sépare les mondes du Nord et du Sud, celui de la prospérité et celui de la misère.
La décision marocaine d'aller planter le drapeau chérifien sur l'îlot de Leila n'était certes pas acceptable, sauf à accepter le coup de force et le fait accompli comme le mode normal des relations internationales. Mais la «politique de la cano