C'est l'histoire d'un conflit-confetti. Après avoir promis une solution diplomatique depuis une semaine, Madrid a finalement lancé hier un coup de force militaire pour mettre fin au différend qui l'oppose au Maroc pour le contrôle d'un îlot dans le détroit de Gilbraltar. Baptisé Leila par les Marocains et Perejil (Persil) par les Espagnols, l'objet du litige, à 157 mètres de la côte marocaine, fait 13 hectares, est peuplé de quelques troupeaux, ses seuls habitants depuis quarante ans. Lorsque le 11 juillet, huit soldats chérifiens s'y sont installés, officiellement pour contrôler les trafics de drogue et l'immigration clandestine, le gouvernement espagnol n'a pas contenu sa colère. «Une rupture unilatérale d'un statu quo», a déclaré Madrid, se référant au flou juridique qui entoure ce caillou, situé à quelques kilomètres de Ceuta, une des deux petites enclaves restées sous souveraineté espagnole sur le littoral marocain.
Drapeaux. Hier à l'aube, «il y a eu subitement un vacarme infernal au-dessus de nos têtes», raconte un pêcheur marocain. «Cinq ou six hélicoptères ont survolé l'île, puis les navires de guerre sont apparus. Des militaires sont descendus en rappel.» Les huit Marocains n'ont pas opposé de résistance. Vers 10 heures, ils ont été remis à leurs autorités tandis qu'une dizaine de légionnaires et des forces spéciales espagnoles, installés pour «une durée indéterminée», plantaient sur le plus haut rocher de l'îlot deux drapeaux espagnols si grands qu'on les voyait de