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Libération
Reportage

La croisade des «copines de trottoir»

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A Metz, un collectif de prostituées conteste l'arrêté municipal.
publié le 19 juillet 2002 à 0h26

Le jour, ce sont deux femmes comme les autres, qui font leurs courses dans les rues de Metz. La nuit, ce sont Milène et Stéphanie, prostituées sur l'avenue Foch. «Ce n'est pas une vocation, encore moins une passion, mais c'est notre métier et on entend le défendre», disent-elles. Le 3 juillet, le maire de Metz, Jean-Marie Rausch (divers droite), a pris un arrêté interdisant le stationnement et le va-et-vient de personnes «se livrant notoirement à la prostitution soit à pied, soit avec un véhicule», entre 13 heures et 2 heures, dans les rues situées autour de la gare. «Donc à cheval et passé 2 heures du matin, c'est possible», plaisantent les filles. «La loi n'interdit pas la prostitution», rappelle Stéphanie, qui connaît son code pénal. En huit jours, elle a réuni un collectif d'une dizaine de «collègues de trottoir». Et, pour les défendre, un «collectif d'avocats citoyens» s'est constitué. Objectif : mener une «guérilla juridique» contre l'initiative du maire.

«Interdire la prostitution, c'est bafouer une liberté fondamentale, expliquent les avocats. Le maire veut soi-disant moraliser la ville. Mais c'est une décision de commodité, qui déplace les problèmes sans les régler.» Les avocats citent deux autres arrêtés, pris dans la foulée, qui interdisent la mendicité et les regroupements de chiens : «Il veut une ville propre, sans pauvres et sans prostituées. C'est un réflexe de mode.» Jean-Marie Rausch, qui en est à son sixième mandat, ne cache pas avoir pris cette décision à l